
L'attrait pour la généalogie m'est venu très tôt et à ce moment là, je ne savais même pas que cela portait ce nom !
Quand j'étais en CE2, la maîtresse nous demanda un jour, d'établir l'arbre de nos ancêtres. Ce jour là, j'ai pris cette enquête très à cœur et j'ai passé ma soirée à téléphoner à mes grand-parents pour savoir ce qu'ils pouvaient me dire sur leurs parents et les parents de leurs parents. Ce jour-là, j'ai à la fois découvert que mes grand-parents avaient des parents mais aussi des papis et des mamies... A cet âge-là, on se rend compte que nos grand-parents qui déjà peuvent nous paraitre vieux, ont été des enfants et ont eu une vie avec un papa et une maman. Ce qui m'a alors intéressé à ce moment-là, ce sont les métiers exercés par ces personnes de ma familles mais dont je n'avais jamais entendu parlé ! Les uns étaient agriculteurs, alors que d'autres étaient boulangers ou pâtissiers de père en fils, ou encore certains venaient d'un autre pays !
Les années ont passé et j'ai laissé cet arbre de coté. Et puis, je ne sais pas trop pourquoi, l'année du bicentenaire de la révolution française, cette curiosité m'a reprise. Mais je n'avais que 13 ans et quand j'ai demandé à ma grand-mère de m'accompagner à la mairie pour voir ce qu'on pouvait trouver dans les registres, elle m'a gentiment expliqué qu'elle n'avait pas le temps et que cela ne servait à rien de chercher dans le passé. Je me souviens que j'ai un peu insisté, je n'étais pas trop contente, mais je me suis finalement rangée à sa décision.
En 1994, mon bac en poche, j'avais tout l'été devant moi. Ma grand-mère était décédée au printemps et du coup, il fallait trier sa maison mais aussi celle de sa mère (mon arrière-grand-mère) dans laquelle je soupçonnais la présence de trésors anciens ! J'avais connu mon arrière-grand-mère qui était devenu centenaire. J'avais passé de nombreux après-midi dans sa vieille maison du village. Et combien de fois lui avais je demandé ce qu'il y avait dans les étages et au grenier ? Combien de fois, j'avais tenté d'aller dans les autres pièces de sa maison alors qu'elle passait le plus clair de son temps dans sa cuisine et sa chambre ? Là, tout était ouvert et j'allais rentrer dans la "caverne d'Ali Baba" ! A ce moment-là, je ne pense pas que la marotte de la généalogie m'avait déjà repris... mais une fois dans la maison de ma mémé... une fois que le secrétaire a été ouvert et que j'ai eu mis la main sur des livrets de famille, des contrats de mariage, des testaments... quelque chose s'est mis en route dans ma tête. La généalogie avait pris possession de moi ! Des noms et des prénoms se sont mis à défiler devant mes yeux et c'était parti ! Il fallait que je sache qui était qui, et où ces gens avaient vécu, quels étaient leur(s) lien(s). Et la généalogie c'est bien cela...
Cette année 1994 reste gravée comme le point de départ de ma quête. Rapidement, j'ai commencé à aller aux archives municipales du village, puis d'autres villages. Rapidement, je me suis rendue compte qu'il fallait être ordonné pour ne pas perdre le fil. Je me souviens de ce petit classeur demi-format que j'avais acheté, des fiches que je mettais dedans et qui répertoriaient tout ce que je pouvais trouver sur quelqu'un : nom, prénom, date de naissance, lieu de naissance, date de mariage, lieu de mariage, avec qui, les enfants, la date et le lieu de décès. Je me souviens du sentiment grisant quand on trouve quelqu'un, une date, qu'on se rend compte que ça colle, que c'est la bonne personne ! Je me souviens de l'odeur des registres, une odeur de vieux papier, épais, une odeur d'encre. Je me souviens de l'émotion quand j'ai vu la signature de l'un de mes ancêtres qui ne devait surement pas trop savoir écrire, mais qui avait tenu à signer le registre.

Cette année là, j'ai réussi à remonter une branche pour laquelle je calculais une date de naissance d'un ancêtre vers 1670 ! Aujourd'hui encore quand on me demande jusqu'où es tu remontée, j'ai tendance à dire 1670 alors que je suis allée bien plus loin. Cette année là j'ai aussi découvert pourquoi ma grand-mère ne voulait pas que je cherche... cela m'aurait amené à poser des questions auxquelles elle ne voulait pas répondre et qu'elle ne voulait pas que je pose à mon arrière-grand-mère... Cette année là, j'ai compris que parfois il y a des secrets dans les familles... pour moi ce n'était pas grave, mais pour l'époque et de vieille personne cela l'était surement.
Aujourd'hui, la généalogie est pour moi une passion de presque 30 ans. Rechercher des ancêtres, les miens ou ceux d'autres personnes est toujours quelque chose qui me transporte. Je pourrai y passer et j'y passe parfois une grande partie de mon temps libre (au grand désespoir de mon mari !).
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Commentaires
Magnifique article sur cette passion dévorante et à la fois si riche qui nous mène a tant de disciplines ! Je retrouve dans votre récit des émotions que j’ai moi-même (et sûrement chacun d’entre-nous) ressenties. Au plaisir de vous lire !
Merci pour ce partage de la naissance d’une passion.